L’air est frais lorsque nous arrivons à Nice. En cette belle matinée ensoleillée, le paysage méditerranéen et l’accent chantant de Mireille Auda – petite fille de Marius Auda et actuelle gérante de l’exploitation – nous fait oublier la grisaille parisienne. Marius Auda fait partie des rares producteurs d’herbes aromatiques français. Et ça, pour Foodette, c’est essentiel !

LA FIBRE VÉGÉTALE, UNE HISTOIRE DE FAMILLE
Entre mer et collines verdoyantes, sur le chemin qui nous mène à son exploitation située à quelques kilomètres de Nice, Mireille, avec son bel accent chantant, nous raconte la jolie histoire de Marius Auda, son grand-père.
« En 1936, après avoir été envoyé à Beyrouth, Marius est revenu au pays, a acheté quelques vaches et s’est mis à vendre son lait, tous les matins à Nice, en faisant du porte à porte. C’était du circuit ultra-court, ça marchait bien, et puis ça s’est essoufflé ».
Sous le climat tempéré de la région, Marius Auda se lance alors dans le maraîchage avec la culture de blettes, céleris, haricots et quelques herbes aromatiques. Ses fils, Gilbert et Robert, développent l’exploitation, et se spécialisent en 1978. C’est ainsi que pousses, herbes aromatiques et fleurs comestibles deviennent reines chez Marius Auda !
DES PLANTES AROMATIQUES EN « AGRICULTURE RÉFLÉCHIE »

Sous les serres de Marius Auda poussent une vingtaine de plantes aromatiques. Elles sont toutes récoltées à la main. Thym, sauge, coriandre, menthe, et bien sûr la star de la récré, le basilic, sont cultivés avec amour. Leurs parfums embaument tout l’espace.

Mireille, heureuse de nous faire découvrir son environnement, tend à Louis quelques feuilles de sauge, de thym ananas, de sarriette. Leurs senteurs font danser ses narines.
« Ici, on pratique l’agriculture réfléchie. Nous ne sommes pas certifiés bio, mais nous utilisons le plus possible des techniques naturelles, respectueuses de l’environnement. »
« C’est essentiel de maintenir la vie du sol,
pour que la plante soit costaude et n’attrape pas tout ce qui passe. C’est comme le système immunitaire chez l’homme : s’il est actif, il va contrer les infections, ici, c’est pareil ! » explique Mireille.
Mireille utilise du purin par exemple, pour maintenir la vie du sol. Et le purin, kesako ? C’est une macération de plantes (ortie, rhubarbe, fougère…) dans de l’eau, que l’on étale sur le sol ou les feuilles. Le purin a des propriétés répulsives et protectrices, et permet de maintenir un sol vivant.

La lutte intégrée contre les insectes ravageurs
Si les cultures sont attaquées par des insectes, les prédateurs de ces insectes sont lâchés, pour éviter l’utilisation de pesticides.
« On a été les pionniers de cette technique, car nous étions le laboratoire d’essai du centre niçois de l’INRA, qui testait des solutions innovantes et écologiques sur nos cultures. » confie fièrement la gérante de l’exploitation, nous guidant vers ses cultures extérieures.
MARIUS AUDA CULTIVE AUSSI L’INNOVATION
Mireille est sans cesse en quête d’innovation, que ce soit pour cultiver de nouvelles plantes ou pour tendre vers un modèle toujours plus vert.
découvrir de nouvelles variétés
Un peu plus loin, poussant au bon air extérieur et avec vue sur les montagnes, quelques allées de plantes méconnues.

« Ici, c’est mon laboratoire de recherche et développement ! Je teste de nouvelles cultures, parfois ça marche, parfois moins, mais je suis curieuse, j’aime bien essayer de nouvelles choses. »
Comme cette fleur violette – dont Mireille a oublié le nom – au goût d’ail, qui ressemble à la fleur de ciboulette. Ou la verveine, au goût de citron et qui sent « tellement bon », l’une des herbes préférées de Mireille, qui aime en faire de la liqueur ou des infusions.
et développer une démarche toujours plus verte
Sur le chemin du retour, Louis, défenseur du zéro déchet, lui demande : « Et pour les emballages, vous utilisez beaucoup de plastique ?
– On est obligés d’emballer dans du plastique pour garantir la conservation et la fraîcheur de nos herbes. C’est très compliqué pour nous de nous en passer totalement. Donc on essaie de limiter sa consommation : nous avons diminué l’épaisseur du film et de la barquette. Le zéro plastique, nous y travaillons, mais ce ne sera pas possible pour 2019. »
Marius Auda vend par ailleurs beaucoup d’herbes en vrac, comme pour Foodette. qui se fait livrer dans des cagettes sans emballage, parce que c’est plus sage pour moins de gaspillage !

MIREILLE, OU LE SOURIRE DES FLEURS
Bordant les allées vertes de l’exploitation, des milliers de fleurs s’épanouissent sous les serres de Marius Auda. Bégonia, capucine, hibiscus, pensée, phlox… En tout, ce sont plus de 25 fleurs cultivées toute l’année. Certaines ont une saison, d’autres non.

Mireille s’empresse de nous faire goûter l’une de ses fleurs préférées, d’un orange vif et aux senteurs épicées. « Les fleurs de Souci, c’est comme le safran du pauvre, c’est beaucoup moins cher et on retrouve ces saveurs de curry, et une légère amertume, c’est délicieux ! » Un peu plus loin, elle nous présente la Pentas, une fleur rouge-rosée délicate, aussi appelée étoile égyptienne. « Regarde comme elle est belle, on dirait qu’elle nous sourit… »
Jeanne Favas pour Foodette